Alain Vircondelet, à qui l’on doit de nombreuses biographies dont celles de Duras, Camus ou encore Saint-Exupéry, nous emmène cette fois à la découverte de l’histoire de l’un des plus...
LireLe colosse de New York Colson Whitehead
Par Dominique de Poucques - 23 mai 2024
Colson Whitehead fait partie de ces rares auteurs à avoir reçu deux prix Pulitzer. Le premier en 2017 pour « Underground Railroad », le second en 2022 pour le somptueux « Nickel Boys » (retrouvez notre chronique en littérature étrangère). Le Livre de Poche a sorti l’an passé cet ouvrage de 2003, un peu inclassable, portrait de sa ville natale en 13 tableaux. L’auteur parvient à donner une âme à la métropole à travers certains de ses éléments phares, comme son métro ou le pont de Brooklyn. Certains chapitres sont simplement consacrés à la ville sous la pluie ou à un moment spécifique de la journée. Le résultat est d’une étonnante poésie. Son sens aigu de l’observation et son amour pour New York lui permettent de retranscrire avec une vraie justesse une multitude d’instantanés citadins, créant une réelle émotion. Il parle de l’une, de l’autre, s’adresse à tous et à personne, amenant le lecteur dans ce voyage au cœur de la cité qu’il connait si bien, où tant de partitions se jouent à chaque instant. En scrutant le détail dans l’attitude, c’est l’âme humaine qu’il dissèque, décortiquant habitudes et réflexes, dévoilant une nouvelle lecture de nos comportements : « Le crépuscule est une fabrique de masques. » De simples objets du quotidien deviennent par sa plume des symboles – de sa ville, mais aussi de nos vies – comme lorsqu’il écrit à propos du parapluie : « C’est la rafale qui l’emporte : alors qu’il attend que le feu passe au rouge, le parapluie se retourne et se déchire. On déplore de lourdes pertes. Les blessés, les victimes de ce combat dépassent des poubelles, abandonnés, leur tissu noir froissé sur un thorax de chrome éclaté. Tel est leur destin. Ils finissent soit à la poubelle, soit oubliés au restaurant, au cinéma, dans le vestibule d’un ami, répandant au sol une lente flaque. Dans cette ville, s’attacher à un parapluie, c’est le plus court chemin vers le chagrin d’amour. […] Ce sont les parapluies qui nous enseignent la douleur de la perte. »
La traduction de Serge Chauvin est excellente.
Colson Whitehead est édité en France par Albin Michel, dans la très belle collection Terres d’Amérique.
192 pages
Retrouvez ce roman sur le site de l’éditeur Le Livre de Poche
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